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RESPIRER SOUS L'EAU, UN EXPLOIT BIENTOT POSSIBLE ?

RESPIRER SOUS L'EAU, UN EXPLOIT BIENTÔT POSSIBLE ?

Par Talk Up | le 22/06/2024, à 19h00



illustration par Mikayo Javelle-Ida, pour Le Condorcéen

Depuis la nuit des temps, l’humanité a nourri des rêves aussi ambitieux que celui de voler. Cependant, un autre rêve, tout aussi ancien et captivant, a persisté dans l’imaginaire collectif : celui de respirer sous l’eau. Cette fascination pour la plongée dans les profondeurs océaniques sans contrainte respiratoire est ancrée dans la culture contemporaine, et se manifeste à travers diverses expressions artistiques. Dans le cinéma, aussi bien Star Wars que James Bond ou encore Abyss de James Cameron ont introduit des gadgets futuristes permettant à leurs protagonistes de respirer sous l’eau.

La plupart des scientifiques ayant essayé de confectionner des appareils pour respirer sous l’eau ont choisi de recréer des branchies. Ce sont des organes situés sur les côtés de la tête des poissons, composés d’une multitude de petits vaisseaux sanguins appelés capillaires. Ces derniers permettent d’extraire l’oxygène contenu dans l’eau pour le transmettre à l’intégralité du corps du poisson. Le premier projet prometteur fut celui du couple Bonaventura, aux États-Unis. Leur projet Hesmosponge, lancé en 1984 et soutenu par la NAVY, avait pour objectif de séparer l’oxygène de l’eau en absorbant l’eau dans une mousse spéciale, puis de créer un choc électrique permettant de récupérer l’oxygène. Malgré une technologie prometteuse, le projet fut notamment mis à mal par l’impossibilité de produire suffisamment d’oxygène pour un humain.

Deux ans plus tard, un autre couple américain réussit à mettre au point des branchies artificielles permettant à un chien de rester en vie, mais l’appareil n’était pas assez puissant pour maintenir un humain en vie.

En 2016, un entrepreneur, un designer et un responsable marketing hongkongais lancèrent une campagne pour lever des fonds sous le nom de «Triton ». Leur promesse ? Concevoir un appareil que l’on peut mettre dans sa poche qui permet de respirer sous l’eau pendant 45 minutes. L’objet se composait de deux bras chargés de filtrer l’oxygène et d’un module central abritant la batterie. En quelques jours, les fonds ont atteint plus de 900 000 dollars et la popularité du projet n’a fait que grandir. Mais de nombreux scientifiques commençaient à se demander comment ces trois entrepreneurs avaient pu créer une technologie qui tenait les scientifiques en échec depuis des décennies. Même les investisseurs commençaient à douter de la véracité des propos tenus par l’entreprise lorsque, quelques mois plus tard, celle-ci a supprimé toutes ses vidéos promotionnelles et ses comptes sur les réseaux sociaux. Tout porte à croire qu’il s’agissait d’une arnaque.

D’autres scientifiques ont tenté de créer des technologies qui n’utilisent pas de branchies artificielles. C’est le cas du projet Amphibio, qui se base sur l’utilisation d’un vêtement hydrophobe. Au contact de l’eau, une minuscule couche d’air se forme autour du vêtement. La technologie fonctionne, mais nécessite une surface de contact trop importante avec l’eau (32 m²) pour maintenir un humain en vie.

Une autre technologie semble prometteuse : la ventilation liquidienne totale, qui consiste à apporter de l’oxygène via un composé liquide qui se positionne dans les poumons. Le CO2 est évacué via ce même composé. Mais cette technologie nécessiterait une intervention coûteuse à chaque opération. En revanche, elle s’avèrerait réellement utile dans le cas d’une plongée « classique », car elle permettrait d’éviter les nombreux paliers de décompression nécessaires pour éviter l’explosion des tympans. Elle pourrait aussi faire ses preuves dans le secteur de la santé. En effet, après une crise cardiaque, le corps doit être placé en hypothermie thérapeutique afin de prévenir les séquelles neurologiques. Le corps humain gardant la chaleur, les méthodes actuelles nécessitent plusieurs heures pour placer le corps en situation d’hypothermie thérapeutique ; la méthode de la ventilation liquidienne totale pourrait permettre de le faire en moins de vingt minutes.

La majorité des êtres humains ne peut pas retenir sa respiration plus de 2 à 3 minutes. Mais les Bajau possèdent une mutation génétique qui leur permet de nager librement dans des profondeurs marines atteignant 60 à 70 mètres, et ce pendant 13 minutes. Cette tribu, connue sous le surnom de « nomades de la mer », parcourt depuis plus de mille ans les côtes de l’Asie du Sud-Est en se nourrissant de ressources fournies par la mer, et vit sur des maisons construites sur pilotis. Ce mode de vie a conduit au développement de la taille de l'organe permettant de tenir en apnée : la rate. Des études scientifiques ont montré que la rate de plusieurs individus de la tribu des Bajau est jusqu’à 50% plus grande que la moyenne. C’est la première fois qu’une adaptation génétique à la plongée est identifiée chez l’être humain.

Selon Business Insider, respirer sous l’eau est impossible à l’heure actuelle, au vu de nos connaissances scientifiques. Il faudrait pour cela de nombreux progrès, qui rendent l’idée inenvisageable dans les prochaines années. Ainsi, bien qu’il semblerait que les avancées technologiques puissent nous le permettre un jour, le rêve de respirer sous l’eau est encore loin d’être réalisé par l’humanité.

Sources : Doctorat de Michaël Sage, Wikipédia, The New York Times, Gear Junkie, CNBC, Ocean Conservancy, Business Insider, New Atlas.